La pensée guatarro-deleuzienne nous permet de mieux saisir la dimension structurelle du fascisme qui affecte nos formes de vie. En effet, si c’est à l’échelle macro-politique que les systèmes totalitaires prennent source, cela ne peut avoir lieu que s’il y a une adhésion de masses à de tels systèmes. C’est pourquoi les micro-fascismes peuvent être considérés comme étant la racine du macro-fascisme. Celui-ci se traduit par une politique étatique de marginalisation et répression des minorités déviantes du paradigme de subjectivité dominant dans le capitalisme. Ainsi, les crises de l’économie capitaliste, notamment dans sa version néolibérale, qui remettent en question le modèle majoritaire, contribuent à la montée du néo-fascisme, par étouffement de tout mouvement émancipatoire de ce modèle. Dans ce sens, ce sont les principes fondamentaux de la démocratie, à savoir la liberté et l’égalité, qui sont heurtés par le néo-fascisme. Toutefois, les droits humains ne semblent pas venir au secours des minorités pour empêcher qu’à l’échelle micro-politique les tendances réactionnaires du désir fasciste puissent se manifester et dégénérer en macro-politique fasciste. Dans ce contexte, la pensée deleuzienne de l’éthique offre de grandes pistes de réflexion pour concevoir un devenir minoritaire, qui est en soi le devenir démocratique révolutionnaire. C’est dans la réalisation de ce devenir qu’il faut chercher l’antidote contre les micro-fascismes si présents dans nos sociétés contemporaines.